Chapitre XI : La défense de la Cité paisible (2/2)
Nous nous retrouvâmes quelques minutes plus tard devant la Comtesse, seule et l’air fatigué, dans la salle d’audience où avait été dressé sur une table une carte de la cité.
« – Je ne sais que faire ! Comment protéger ma cité ? se lamentait-elle
– Votre Altesse, nous sommes ici à votre disposition pour trouver une solution à cette crise. dis Olrik, visiblement embarrassé
– Mais que faire, s’écriait la Comtesse, nous voici assailli ! Et sans troupes pour nous défendre !
– Nous pourrions nous rendre pour sauver votre ville. proposa Censier
– Et se faire exécuter à la frontière ? Pas question ! répliqua Fortif
– Je voudrai bien parlementer avec le Duc Von Harlken, mais il est évident que je ne vendrai pas vos vies pour calmer un seigneur expansionniste. répondit humainement la Comtesse »
C’est alors que le Comte entra dans la salle d’audience, il annonça que les villageois évacués venaient d’arriver à la ville.
« – Mère, c’est certain à présent : un millier de soldats ennemis, principalement des vougiers, viennent de passer la frontière. Ils vont arriver dans quelques heures. dit le comte en passant devant nous. Avez-vous commencé à établir des défenses ?
– Euh … Et bien … Mon fils, je ne crains que tout soit perdu.
– Alors je prends le commandement. »
La Comtesse, silencieuse, s’effaça. C’est alors qu’un groupe de notables bien habillés entrèrent dans la salle, l’un d’eux s’adressa alors au Comte :
« – Monseigneur, nous représentons les bourgeois de la ville et annonçons notre ferme volonté à vous défendre. Nous avons décidé de former une milice pour aider la garde régulière, nous sommes à présent sous vos ordres.
– Et quels sont vos effectifs ? répondit le Comte, visiblement touché
– Trois cent cinquante-quatre hommes, à qui nous ajoutons vingt-et-un campagnards de Marche-Villiers. Monseigneur, ce sont tous de solides gaillards qui vendront chèrement leur peau mais le problème réside dans le fait que nous n’avons que peu d’armes.
– Ne vous en faites pas, j’ai la solution, nous allons utiliser les arquebuses que mon père a fait fabriqué. Venez près de la table où se trouve la carte de la ville, je vais vous indiquer les endroits cruciaux à défendre ou à bloquer. Lors de mon service à l’armée, j’ai eu quelques moments perdus où j’ai pu prévoir les défenses au cas où la ville serait attaquée. N’hésitez pas à utiliser des meubles, et même les ballots de foin des champs les plus proches afin d’obstruer les passages ! Une fois tout ceci terminé, vous vous embusquerez dans les maisons les plus en bordure de la ville. »
Le Comte indiqua alors très précisément et sans hésitation les rues à bloquer, les quartiers à boucler, les passages à évacuer. Il semblait terriblement sûr de soi, gérant avec un calme olympien une situation qui semblait désespérée.
« – Monseigneur, nous ne savons point nous servir des arquebuses avec précision, nous risquons fort de manquer nos tirs. dit un officier de la garde au Comte.
– Aucune importance, le bruit de ces armes devront sans doute effrayer l’adversaire. Pas de temps à perdre, à présent. Dites à tous les miliciens nouvellement formés de prendre une arquebuse, des munitions et de la poudre, ordonnez à tous les autres de bâtir des barricades aux rues que je vous ai indiqué ! dit-il à l’un de ses officiers »
Le Comte passa alors à nouveau devant nous.
« – Des … arquebuses ? Quoi ? demandai-je, étonné
– Des armes de tir particulièrement meurtrières, produites sous le règne de mon père. On n’en a que quelques centaines à peine, mais ce devrait être assez pour armer la milice entière, la garde et vous par la même occasion ! »
Soudain, un cor de guerre retentit. C’était celui du Duché de Midsonnir. Le comte releva la tête, inquiet, et dit :
« Ils sont là. La bataille va commencer. »